Arrivée de Haraldir

Haraldir entra par le pont-levis de la forteresse. Se redressant sur son cheval, il frissonnait à l'idée de présenter sa candidature à l'Ordre que son cousin avait construit.

Après avoir confié la garde de sa monture à un page, il demanda à ce dernier où se trouvait Gamalinas, que Dolmance avait mandaté pour gérer l'Ordre. Il lui fut répondu qu'il se trouvait dans le bureau du Magister Senato, en haut de la grande tour ouest qui dominait toute la forteresse.

Haraldir s'y précipita, et après avoir grimpé le plus vite possible les nombreuses marches de la bâtisse, il arriva essoufflé devant une grande porte ferrée. Il toqua timidement.

"_ Oui ?" fut-il crié de l'autre côté.
" _ Euh... c'est Haraldir !"

A peine eût-il eu le temps de terminer sa phrase que la porte s'ouvrait, laissant apparaître le personnage imposant de Gamalinas. Après s'être salués amicalement, celui-ci invita le visiteur à entrer dans la pièce.
Haraldir commença :

" Je suis vivement intéressé pour intégrer l'Ordre. Je me suis dit qu'en arrivant à Chambéry, il fallait bien que je trouve un sens à ma nouvelle vie ; et ce manière vertueuse. Je pense que devenir chevalier dans cette confrérie satisferait amplement ce que je cherche. Je sais que Dolmance a quelques difficultés en ce moment pour remplir ses fonctions, et sachant que tu es son homme de confiance c'est pour cela que je te le demande. Qu'en penses-tu ?"

-On dirait un vrai n'est ce pas hein ? Non mais c'est un moulage, Gamalinas est beaucoup prit à Chambéry ces temps ci... mais tu dois attendre depuis longtemps mon cher cousin, viens donc que je t'embrasse !

Haraldir n'en crut pas ses oreilles. Pourtant, il avait eu l'habitude par le passé des farces enjouées de son cousin. Il éclata d'un rire tonitruant, se laissant mener vers un très beau fauteuil en velours reflétant un rouge bordeaux des plus nobles, avant d'y prendre ses aises.
Il se passa quelques minutes avant qu'il ne put reprendre son calme. Décidément, Dolmance n'aurait jamais fini de le surprendre !

_ Et bien, cher cousin, je me suis établi à Chambéry pour la simple et bonne raison que je me sentais loin de ma famille et de mes repères. J'ai décidé de construire ma vie ici. La Franche-Comté est bien ennuyeuse à côté de ce qu'il peut se passer ici, en cet honorable duché de Savoie. C'est une cause bien candide, je le sais, mais elle répondait à un véritable besoin. Ma nouvelle maison est très confortable, et dotée d'un charmant page du nom d'Eugène. Je dois avouer qu'il a une très forte personnalité ! Outre cela, l'Ordre de la Plume et de l'Epée m'intéresse vraiment, comme tu as pu l'écouter en te gaussant de mon aveuglement !

Rien que d'y penser, Haraldir eu du mal à ne pas repartir dans un fou rire. Il se pinça les lèvres. Il remarqua par ailleurs que son cousin avait acquis en élégance et en prestance depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, il y a fort longtemps. Un charme peu commun se dégageait de lui. Il se redressa dans son fauteuil.


_ Et toi Dolmance, qu'as-tu de nouveau à me raconter ?

Le son des deux verres de cristal fut très agréable aux oreilles d'Haraldir. Il émit un sourire qui traduisait la flatterie de son ouïe.

En ayant écouté le récit de son cher cousin, il fut impressionné.

"Dis-mois, Dolmance, tu m'as l'air bien occupé ! Je suis au courant de ta condamnation au bûcher, et je n'arrête pas de me réjouir que tu t'en sois sorti".

A ces mots, Haraldir brandit son verre "Larose forever", en riant.

"Ce verre est à l'image de ton habileté ! D'ailleurs, j'espère que ta vie à Bourg se passe bien".

Il fit une pause pour prendre la première gorgée du breuvage que son cousin lui avait proposé. Un choix excellent.

"Pourquoi veux-je intégrer l'Ordre ? tout simplement pour ce qu'il m'évoque : la plume et l'épée, c'est comme... l'érudition et l'honneur, le savoir et le courage, l'esprit et la chair, l'éternité et le passager. C'est le spirituel et le temporel, bref, les deux principes qui selon moi gouvernent le monde. Je m'y reconnais, dirais-je, et en cela j'espère pouvoir bien le servir. Qu'en penses-tu ?"

Etant d'humeur plaisantine ce jour, il se tourna vers le moulage de Gamalinas et lui adressa la parole :

"Et toi, vieille branche, t'es d'accord ?"

Puis il reconsidéra Dolmance, lequel le regardait d'un air amusé.

A la réponse de son cousin, Haraldir répondit par un des sourires les plus larges qu'il ait jamais fait. Il ne put se retenir de se lever précipitamment de sa chaise, et d'un bond d'aller embrasser Dolmance en le serrant de toutes ses forces dans ses bras. Il manqua d'ailleurs de lui faire renverser le vin sur ses vêtements. Puis il se rassit, dans tous ses états.

"Dolmance ! Tu ne peux savoir à quel point je suis heureux ! Je t'assure que je saurai être digne de ton Ordre, et que je prêterai serment avec toute la foi dont je peux faire preuve. Ce verre est à ton honneur, cher cousin !"

Et sur ce, il but une très longue gorgée de vin.

"Pour parler de choses pratiques, quand puis-je prêter serment ? S'il y a des formalités à remplir avant, quelles sont-elles ?"