Un vieil ami...

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La petite jument avait peiné dans les dernières côtes menant au manoir. Alors que les premières tours apparaissaient, le cavalier se mit à s'agiter en tout sens comme pour faire le compte des meurtrières. Moins saccadée, sa démarche aurait eu tout l'air d'un espion glanant des informations sur sa cible. Un moment il jura quand sa toilette empêcha ses gesticulations. Et pour cause, l'homme était curieusement toiletté. Un grand manteau vert se dérobait dans le vent laissant apparaître un sabre à lame courbe et d'autres épaisseurs de tissus colorés mal agencés, certaines de type occidental. L'homme ajusta une petite cage derrière lui puis revissa son lourd turban de soie qui ne cachait pas sa barbe.

Un mauresque jusque sur les terres du bon Dolmance Larose ? L'idée était folle mais imposait la vigilance.
Toute personne cheminant le long de la montée n'aurait pu s'empêcher de surveiller ce coquin d'Averroïste ! Pis, un lion de judah ? On savait le noble Larose très au fait des affaires de Genève.¨Un mauvais coup se préparait. L'oriental alla alors se placer devant le portail et dans un sinistre rituel, s'agenouilla comme pour prier. La bénédiction avant l'assassinat. En face de lui, on pouvait distinguer une ancienne aile du château inoccupée depuis le siège de Constantinople.

Un vieil ami... Hzhuse11

- CUL du Diable et toute sa clique ! Mais ce manoir est un taudis ! Que me vienne un Boccaccino ou un Larose, Qu'on m'explique !

Il eu à peine le temps de se redresser que la créature dans la cage sautillait en direction de la grille. Armand Tourvelle attendait des explications, pertuisane en main, évidemment.

Armand avait foncé sur l'orientale pertuisane à la main.

Un Turc ! s'était il dit. Oh Oui ! Je vais t'en faire un couscous qui ne sera pas halal !

Mais arrivé à la grille, il voit les traits du visage du maure.
Un menton haut. Des yeux gris, profond et calme. Un air constamment soucieux.

-Par les saintes mamelles de Saintes Nitouche !!!

Pas d'erreur possible ! La personne qui se trouvait devant lui était un Larose, un vrai de vrai !
Armand laissa tomber sa lance et ouvrit ses bras. Il bondit sur l'homme d'aspect oriental et l'embrassa.
Le vieux majordome avait bien vingt ans de plus que l'home qui se trouvait devant lui, mais son étreinte était puissante :

-Par tous les saints, mon garçon comme je suis heureux de te revoir !

Invité

-Ah mais que n'est-ce pas mon Pè...pertinant valet ! Armand !
Le faux turc ne revint pas de la force du vieillard. Devenu rouge, Armand le lâcha.

-Oh eh bien Armand, que se passe-t'il ici ? Où est ma bonne Néifide ? L'homme alors eu un éclair de lucidité. Si l'âge avancé d'Armand n'avait fait que blanchir la crinière du concierge, ses mains à lui commençaient à se parcheminer.
-11 ans ! 11, que je n'ai pas revu ces terres.

Allons, vieux compagnon, raconte-moi les grandes heures que j'ai manqué !

Le visage du doyen s'assombrit quelque peu.

-Les grandes heures ?

Armand tentait de remettre tout dans l'ordre :

-De la fratrie des Larose, il ne reste que toi, Titi... Savinien comme tu as dû le savoir est mort à Constantinople. Et Lucina qui était en voyage avec son époux et ses enfants a été retrouvé morte. Guilmord et Hildegarde vont bine, même si le cerveau de Guilmord semble être endommagé. Pour ce qui est de Marcus de La Barre, l'époux de Lucina, on ne l'a jamais revu et ses enfants ne l'ont pas évoqués.
Néifide, l'épouse de Savinien, n'a pas supporté la mort de celui-ci, et un matin on l'a retrouva au pied d'une tour.
Le Chef de la Maison Larose est aujourd'hui Dolmance, le fils de Savinien, il travaille beaucoup à la gloire de la famille, et ses premiers combats ont jusqu'ici été couronnés. Il a pris pour épouse une damoiselle de noble naissance, mais dont la famille était tombé dans la misère. Ils ont déjà deux enfants et Dae Crystale est grosse du troisième.

Armand marqua une pause :

-Voilà donc les nouvelles, Titi...

Invité

Thybert Aeneas Sylphaël passa en revu le visage de toutes ces personnalités. Certaines revenaient d'un passé nébuleux.

Quand vînt le nom de Néidifce, sa belle-soeur, les sanglots eurent raisons de ce bonheur d'être rentré au pays.

-Boccaccinella ? Ses épaules se secouèrent quelques instants. Puis dans un sourire mouillé dont les larmes abreuvaient sa barbe :
Le drame d'être puîné...elle était belle la Dame à l'hermine...A mesure qu'Armand donnait des nouvelles de la nouvelle génération, Thybert retrouva son calme.

-Dol...Dolmance ? Le petit qui écrivait des poèmes de longues heures ? Alors il n'est pas mort, grâce à Aristote !
J'ai cru qu'il avait fini comme Savinien, l'espadon au clair criant un alexandrin.

Lux venit et Mors fugit, c'est cela ?

Ah Armand...ses manières d'anciens maître, revinrent aux anciennes habitudes, celle d'un jeune enfant pour un presque père.
J'ai tout à redécouvrir. C'est frustrant mais je suis excité comme un enfant.
Allons Armand, me laisseras-tu sur le pas de la porte à me lamenter sur nos jeunesses ?

Armand sourit à l'homme qu'il retrouvait devant lui après onze ans où l'on avait cru Thybert mort.

-Viens mon fils ! Entre dans le Castel Larose. tu as beaucoup de chose à voir et à apprendre, surtout à propos de ton neveu.

Le vieux majordome sourit : Si moi Dol me surprend encore, je n'imagine même pas la réaction de Titi...