Chandin marchait tranquillement le long d'un courant de lave. Il ne sentait pas la chaleur pesante de cet endroit. Qui aurait pu penser qu'une fois mort, c'était ainsi ? Le baron en avait eu une petite idée lors de son premier pacte avec Lui. Il s'était déjà rendu ici et avait déjà vu plusieurs autres hommes et femmes marcher comme il le faisait aujourd'hui. Le Faustien avait vendu son âme, comme il se doutait, on le renvoya donc très vite aux Enfers où on l'accueillit bras ouverts. "Quelle joie de vous voir ici ! s'était-Il écrié.
Il devait Le voir. Dans son manteau noir aux reflets rouges des flammes et à l'odeur affreuse de soufre qui régnait par là dedans, il sauta d'un morceau de pierre à l'autre et arriva bientôt devant un trône doré. Il croisa les bras. Aucune gêne, non, il se sentait comme chez lui. L'Enfer ressemblait trait pour trait à la Vie. Lui qui avait été si bien là haut, était parfaitement à l'aise en bas.
Puis, Il apparut. Indescriptible car parfait dans la cruauté, vous ne saurez pas à quoi il ressemble. Retenons juste une voix caverneuse.
"Chandin, dans l'ignominie, vous avez fait fort, très fort. Puis-je faire une liste de vos abominations ?
- Maître, je vous en prie...
Un parchemin apparut alors, long de plusieurs mètres.
"Je ne vais pas tout lire, n'est-ce pas... Juste les grandes lignes...
Meurtres de sang froid, tortures insoutenables infligées, empoisonnements, conspirations, assassinats, diffamations, hautes trahisons et j'en passe ! Etes-vous fier de tout cela ?
- Je ne regrette rien, Maître.
- Formidable ! Vous avez bien votre place ici. Asseyez-vous à ma gauche.
Un trône argenté apparut. Chandin s'y assit.
"Tu vas à présent jugé avec moi les pauvres âmes arrivants ici, tu t'occuperas également des éventuels pactes que certains voudraient.
- Vous me comblez de joie. Mais pourrais-je vous poser une question, Maître ?
- Mon plus fidèle conseiller peut tout se permettre !
- Qu'est devenu Dolmance, mon cher filleul ?
A ces mots, Il ne répondit rien et haussa simplement les épaules.
"Peut être va-t-il un jour arriver devant nous...
- Je l'espère... voilà bien longtemps que je n'ai pas revu sa trogne si familière...